Rabiatou BELLO, actrice de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) en Afrique

Rabiatou BELLO construit le management humain au Togo, comme clé du succès durable de l’entreprise moderne. Son point de vue sur l’universalité de la QVCT, transcende les frontières culturelles.

Directrice Associée de IPIKAR CONSULTING basé à Lomé au TOGO, elle défie les préjugés relatifs à la pertinence de la QVCT en Afrique et souligne le caractère incontournable des enjeux liés au management moderne (intelligence émotionnelle, marque employeur, expérience collaborateur) pour la pérennité des entreprises contemporaines.

  1. Comment êtes-vous arrivée à la QVCT ?

 Je crois que personne n’arrive à la QVCT par hasard !

Pour ma part, c’est sans aucun doute la conséquence d’expériences vécues dans mon parcours professionnel.

J’ai trop souvent entendu, avec consternation, des dirigeants d’entreprise dire des phrases du type « si vous n’êtes pas contents il n’y a pas 10.000 solutions » ou « personne ne vous retient, la queue est longue et vous n’êtes pas irremplaçables » pour répondre aux collaborateurs face à une situation de crise.

J’ai toujours été convaincue que cette stratégie était contre-productive et qu’il serait plus efficace de tenter une approche positive de dynamisation des équipes que j’appelle la motivation positive et durable. Elle qui incite le collaborateur à se mobiliser et donner le meilleur de lui pour une entreprise qu’il perçoit comme un projet commun, plutôt qu’un simple gagne-pain, une routine pesante et contraignante justifiée par la nécessité d’une rémunération…

En 2015, ma décision était prise, je démissionne de l’entreprise et monte mon cabinet dès l’année suivante pour traiter de la problématique de satisfaction de l’humain en rapport avec l’entreprise (humain externe à l’entreprise : client traditionnel et l’humain interne : collaborateur/collaborateur). J’avoue que j’étais bien consciente que le deuxième volet quoique intéressant et noble me paraissait un tantinet utopique d’autant plus que je ne savais pas vraiment par où commencer pour me faire entendre  et convaincre les dirigeants d’entreprise encore très fidèles à leur conception initiale du management qu’ils gagneraient à appréhender les choses autrement… Honnêtement, ce fut très compliqué (même si ça l’est toujours un peu, je l’avoue) puisque jusqu’alors moi-même, je n’avais jamais encore entendu parler de la QVT.

 Puis EURÊKA !!! En 2017, je tombe sur Les employés d’abord, les clients ensuite : Comment renverser les règles du management le livre de VINEET NAYAR.

Ce fut le début de l’aventure ! J’ai trouvé les fondements de mon argumentaire.  Toujours bien consciente que ça ne serait certainement pas facile je réalise au moins que ce n’était pas de l’utopie et que d’autres comme moi pensaient qu’il faudrait repenser le management. Très vite après ça, je découvre tout un concept bien structuré, bien au point : La QVT aujourd’hui QVCT et je ne l’ai plus lâché.

  1. Pensez-vous que le concept soit adapté à nos réalités africaines ? 

Je ne pense absolument pas que la QVCT soit plus adaptée ici que là, c’est une notion vraiment universelle pour la simple raison que les collaborateurs dans le monde entier sont confrontés quasiment aux mêmes réalités.  

Avec les exigences de la mondialisation, le monde professionnel évolue plus ou moins au même rythme tant sur le plan structurel qu’organisationnel : ce qui est jugé utile ici est très vite adopté là (ex : des NTIC, progiciels, open-space, télétravail …). La QVCT n’est donc pas en marge de cette réalité. Le collaborateur, qu’il soit en Afrique ou ailleurs est plus performant quand il est mis dans de bonnes conditions de travail.

Maintenant, reconnaissons qu’en Afrique, nous sommes souvent confrontés à des préjugés qui stigmatisent les RPS (Risques psycho-sociaux) et font croire qu’« ils ne concernent pas vraiment les Africains parce qu’ils sont psychologiquement forts…» Cela relève purement de l’ignorance et notre rôle à travers nos formations, ateliers de sensibilisation est d’amener tant les dirigeants d’entreprise que les collaborateurs à faire évoluer cette vision erronée de la réalité.

  1. La QVCT n’est donc pas un phénomène de mode ? 

Je dirai que c’est tout sauf un phénomène de mode, c’est une notion qui commence discrètement à faire son chemin mais croyez-moi, de la Toute petite entreprise à la Firme multinationale, aucune entreprise ne va y échapper. La tendance se précise avec des actions concrètes (les DRH se transforment en DCH : l’humain est reconnu comme actif incontournable de l’entreprise). Les discours convergent vers la bienveillance dans le management pour une optimisation et une pérennisation des performances de l’entreprise.

On reconnaît l’intelligence émotionnelle comme compétence managériale,

On reconnaît enfin que le collaborateur est une entité et que son bien-être impacte forcément son rendement,

On parle de l’importance de la marque employeur/marque employé dans le processus de recrutement, de motivation et de fidélisation du collaborateur.

On parle du collaborateur satisfait comme ambassadeur par excellence de la marque…

Les enjeux sont trop bien définis, trop clairs et trop précis, et les impacts trop importants pour parler de phénomène de mode.

A ceux qui prétendent encore qu’avec ou sans la QVCT les entreprises survivront, je réponds que cela dépend du type d’entreprise car à mon avis, les entreprises qui évoluent dans une sphère hautement concurrentielle (banques, assurances, transports…) survivront difficilement sans la QVCT. 

  1. Pouvez-vous nous parler des avantages d’une démarche QVCT ? 

Je dirai tout d’abord que dans un climat de bienveillance, toutes les parties sont gagnantes : le manager, le collaborateur et surtout l’entreprise.

  • Pour le collaborateur : Prévention des RPS, sentiment d’écoute et d’appartenance
  • Pour le manager : Prévention des RPS, une bonne ambiance et une facilité de gestion de son équipe
  • Pour l’entreprise :

– Rétention, engagement et fidélisation des collaborateurs

– Réduction des coûts liés au capital humain qu’on ne mesure pas forcément et qui peuvent être très élevés (Ex : remplacement d’un collaborateur qui engendre des coûts liés au recrutement/formation, la perte du savoir, le temps d’intégration du nouvel arrivant, perte de clients…)

La QVCT est un puissant levier d’engagement et d’innovation des collaborateurs.

Avoir une véritable réflexion sur l’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail booste l’engagement des collaborateurs, réduit les taux d’absentéisme et  de turn-over et impulse une bonne dynamique d’équipe ; une capacité à innover, à être plus réactif et plus performant. Nous parlons d’accroissement de la productivité, de la rentabilité et donc du développement de l’entreprise.

Conclusion

Pour Madame Rabiatou BELLO, les origines de son engagement, proviennent d’une approche traditionnelle à une vision positive du management.

Au-delà d’une tendance, la QVCT devient un mouvement transversal, des petites aux grandes entreprises. Les avantages concrets d’une démarche QVCT sont soulignés, créant un écosystème favorable pour tous les acteurs, du collaborateur au manager, en passant par l’entreprise, ses fournisseurs, ses clients…

Son témoignage inspirant sur la pertinence durable de la QVCT, va au-delà de l’amélioration des conditions de travail pour stimuler l’engagement, l’innovation, et la croissance globale des entreprises.

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